Bon bah la chose que je voulais éviter le plus longtemps possible est enfin arrivée et j’ai fini par faire un séjour à l’hôpital. Rien de bien grave même si potentiellement mortel, une dent infectée, des risques de propagation aux autres organes. Mon dentiste n’arrivant pas à régler le problème m’a envoyé faire des tests à l’hôpital et j’ai été hospitalisée dans la foulée. Autant dire que c’était très soudain, absolument pas quelque chose que j’avais envisagé. Voilà donc la petite histoire de mon hospitalisation au Japon.
Pour commencer, je vais devoir vous avouer que je n’ai absolument aucune idée de comment ça se passe en France et que donc je vais pas pouvoir comparé grand chose mais je met ça ici au cas où ça peut aider quelqu’un. Aussi pas de chirurgie pour moi si ce n’est dentaire (ma responsable chez ma mutuelle n’était d’ailleurs pas en mesure de répondre si ça rentrait dans leurs critères de chirurgie ou non) et en matière de traitement ça s’est cantonné à des perfusions d’antibiotiques et/ou d’antidouleurs si nécessaire.
Arrivée à l’hôpital :
J’arrive et je suis accueillie par un monsieur qui me dit quoi faire, me file une fiche à remplir (tout en japonais, logique, mais quelle horreur les kanjis du monde médical) ainsi qu’une autre destinée aux étrangers.
Le point Gaijin : La fiche en question était (probablement) pour qu’ils puissent savoir mon niveau de japonais (la fiche est tout en japonais aussi, heureusement que je comprend). Cela dit il y a tout à fait possibilité d’être accompagné par quelqu’un pour les examens, et j’ai bien l’impression que plus tard j’ai coupé les ardeurs du département dentaire qui me cherchait un interprète au téléphone. Donc y a moyen de communiquer. Au moins pour les examens. Après ça risque d’être plus compliqué. Le site officiel mentionne la nécessité de se trouver soi-même un interprète mais que l’hôpital se réserve le droit de décider que cet interprète n’est pas assez bon et de chercher eux-mêmes un interprète professionnel (donc payant).
Autre chose importante étant qu’ils demandent à voir votre zairyuu card ET votre carte d’assurance. Je sais pas si c’est particulièrement spécifique à cet hôpital ou pas mais c’est éventuellement une chose à retenir. Comme si on pouvait avoir une carte d’assurance sans zairyuu card qui va avec mais bref.
Le point COVID : Puisqu’on est dans les points spéciaux, l’hôpital dans lequel j’étais n’accepte pas les cas COVID. Il est également tout à fait possible de se faire accompagner lors des examens. On m’a demandé si j’étais vaccinée uniquement à la fin du processus d’examen mais je suis pas sure que ça aurait changer grand chose si je l’étais pas.
Bref. On retourne à mon arrivée à l’hôpital. Je suis dirigée vers la réception où je donne mes papiers ainsi qu’une lettre de mon dentiste expliquant la situation et on me dirige vers le département dentaire où on me dit de … remplir des papiers. Je remplis des papiers, les donne à la responsable qui m’envoie faire une radio et une prise de sang. Je me balade donc dans l’hôpital à la recherche des bureaux correspondant. A ma grande surprise j’en ai pour même pas une heure à la suite de laquelle je retourne au département dentaire.
Département dentaire où on me pose des questions auxquelles j’ai déjà répondues mais pas grave je recommence. Le grand chef vient me faire la conversation entre temps à coup de « D’où est-ce que vous venez ? » et de « Bonjour. » (en français dans le texte. Le grand chef a d’ailleurs continué de me crier bonjour dès qu’il me voyait) comme si c’était le moment de faire la conversation. (Bon cela dit, ça détend l’atmosphère et le département dentaire dans son ensemble a l’air bien sympathique.) A la fin on me dit OK mademoiselle je suis désolée mais va falloir vous hospitaliser. Je demande quand. On me dit tout de suite. Pendant combien de temps ? Une semaine. PARDON ?! Et voilà comment j’ai fini hospitalisée. Le docteur (OK l’interne) qui me suivra pendant mon hospitalisation (et après) a apparemment eu pitié de moi et m’a emmenée jusqu’au bureau des hospitalisations sans avoir pu rentrer chez moi, ni même prévenir mon pauvre mari qui répondait pas au téléphone. Raison officielle de l’admission : infection de la dent et danger de septicémie.
Hospitalisation.
Le point COVID : On me redemande si je suis vaccinée avant de m’hospitaliser et heureusement parce que mon étage comprend énormément de personnes âgées et de gens en rémission après une chirurgie. J’ai entendu aussi que l’hôpital faisait passer des tests à tout le monde avant une chirurgie. Aussi et à mon grand malheur les visites sont interdites. Compréhensible mais c’est extrêmement triste. Mon adorable mari est quand même passé déposer des affaires pour moi mais officiellement impossible de se voir.
Bref. Une fois l’admission terminée, environ cinq minutes à tout cassé et deux signatures, mon docteur m’embarque à mon étage où je suis directement mise sous perfusion d’antibiotiques (après 4 essais et 3 personnes pour me mettre un cathéter. Oui je suis la personne que tout le monde déteste à l’hôpital.) et me voilà dans ma chambre.
Ma chambre est composée de 4 lits, tous séparés par des rideaux. Les visites étant interdites ça rend les choses vraiment très calmes. Apparemment selon les documents que j’ai lu, normalement les rideaux sont censés restés ouverts toute la journée, mais dans mon cas tout était fermé, peut-être pour cause de COVID, peut-être parce que des gens ont râlé. Mystère.
Bref, je passe une première nuit horrible. Dur à dire si c’est le stress ou la maladie mais j’ai très mal dormi.
Le deuxième jour commence fort à six heures du matin avec une première visite des infirmières, re-perfusion et toute une liste d’examens à faire, dont un scanner. Je passe donc ma matinée à faire une promenade dans l’hôpital. Ca fait que deux jours de suite et j’ai rien d’autre à faire. A part ce deuxième jour, rien de particulier à noter, les journées sont rythmées par des examens, des prises de températures, des soins dentaires, et surtout des perfusions et des repas.
Une journée normale se passe comme ça :
- 6h : Allumage des lumières et première tournée des infirmières avec prise de température et de tension. Parfois prises de sang, annonce des examens de la journée et, pour moi, perfusion.
- 8h : Petit déjeuner.
- Dans la matinée : visite du médecin
- 10 h : Re-prise de température et de tension
- 12 h : Repas de midi
- 14 h : Perfusion
- 18 h : Repas et re-re-reprise de température et de tension.
- 22 h : extinction des feux et re-perfusion.
Evidemment c’est uniquement à titre indicatif et je suppose que d’autres hôpitaux gèrent différemment.
J’ai pris des photos des différents repas de la journée, voilà donc un petit déjeuner et un dîner dans mon hôpital :
Il y a un point que je trouve qui mérite une mention spéciale et c’est que absolument personne n’a tenté de me parler en anglais. Personne. A part un bref moment où ils me cherchaient un interprète et ont abandonné dans la foulée, personne n’a mis en doute mes capacités en japonais. Ça ne m’est absolument jamais arrivé, même dans des environnements où le japonais est absolument nécessaire, y a toujours quelqu’un pour douter. Pas cette fois.
Finalement j’arrive à sortir au bout de 6 jours relativement routiniers à part le deuxième jours et ses 50 examens et après avoir embêté mon docteur et une dernière prise de sang avant de sortir. (Victoire, l’infirmière a trouvé une veine du premier coup !)
Je suis donc dehors à 9 h 30 du matin, délestée d’environ 1 000 €, avec des antibiotiques pour une semaine et … un rendez-vous pour me faire arracher la dent problématique. Dent problématique finalement enlevée en quinze minutes et suivi programmé (chose à laquelle je n’avais pas eu droit chez mon dentiste habituel).
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